Connu au Québec comme un syndicaliste n'ayant pas la langue dans sa poche, Michel Chartrand a vécu de 1916 à 2010. Son décès permet de poser un regard sur l'histoire politique du Québec et sur sa participation aux débats de société ou à certains événements marquants.J'en ai entendu parler par mon père qui me relatait des réunions de cuisine politique chez son grand-père à l'époque où Michel Chartrand était dans le Bloc populaire. Ce parti politique fédéral a eu une courte vie (1942-1949) et est né de l'opposition à la conscription obligatoire imposée par le gouvernement fédéral. (Je ne crois pas me tromper en disant que le nom du parti fédéral le Bloc Québécois, trouve sa source (historique) dans cet ancien parti.) Je trouve fascinant de me replonger dans l'histoire politique du Canada et du Québec (des heures de plaisirs, pour les passionnés d'histoire). Bon, revenons au sujet principal de ce billet:
Derrière le syndicaliste en colère (image qu'il présentait en public), l'homme, pouvait aussi parler calmement de la vie et de ses convictions socialistes dans cette émission intitulée "Au bout de mon âge" (février 1968) et animée par Pierre Paquette.
A sa sortie de 4 mois de prison le 16 février 1971, Michel Chartrand, chevelu et barbu, a un certain charme (relatif aux années 70) en parlant des artistes et poêtes que l'on met en prison et en faisant un lien avec l'actualité internationale de l'époque. Avec la loi sur les mesures de guerres, durant la crise d'octobre 1970, il fut emprisonné comme Gaston Miron et d'autres sympathisants de la cause indépendantiste du Québec. Il fut l'un des cinq accusés de sympathie avec le FLQ (Front de libération du Québec), dans un procès très médiatisé à l'époque appelé le procès des cinq.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur cet homme, qui a fait la promotion d'une société où les gens ont le pouvoir d'améliorer leurs conditions de vie. De la grève des mineurs d'amiante d'Asbestos à sa candidature aux élections de 1998 contre Lucien Bouchard (alors Premier ministre du Québec) sous la bannière du parti RAP (Rassemblement pour l'alternative progressiste) ancêtre du parti Québec solidaire, il y a tout un pan de l'histoire du Québec que cet homme soulève.
Que dire aussi de sa conjointe Simonne Monet, que j'ai eu la chance de rencontrer dans une de ses tournées féministes à travers la province. Ma grand-mêre (qui avait rencontré aussi le couple Chartrand-Monet), m'a prêté ses livres: "Ma vie comme rivière". On dit souvent que derrière un grand homme, il y a une grande femme. Leur vie a été mis en scène dans une télé-série réalisée par leur fils, Alain Chartrand, intitulée : Simonne et Chartrand.
Ne tombons pas dans l'hagiographie,Chartrand fut un syndicaliste en rupture avec le syndicalisme catholique, la CTCC à une époque où l'Eglise encore elle, dominait nos institutions politiques et sociales et tentait de s'opposer tant bien que mal aux syndicats américains qu'elle considérait largement dominer par les communistes. Michel Chartrand, tout comme Marcel Pépin, furent tributaires de cette période. Chartrand prit plus tôt ses distances et encouragea le mouvement syndical à intervenir dans l'arène politique. Un second Front, celui de la scène municipale, le Frap, une initiative populaire qu'endossa la CSN grâce à Chartrand. ON connait la suite. Coincidence; la Crise d'octobre ? Et la réelection du gouvernement Bourassa. Depuis, le mouvement ouvrier tergiversise ! Plutôt que de s'organiser comme mouvement politique, celui-çi à préférer jouer au bras et devenir partenaire des tables tripartites.
RépondreSupprimerLe mouvement syndical a perdu son âme, depuis, Michel dénonçait cet état des choses, il n'avait plus l'appui nécessaire. Le corporatisme syndical avait vaincu... Le syndicalisme de combat est à renaître, à refaire, à repenser.
Michel Pilon
Votre commentaire apporte une dimension élargie à mon regard très limité sur cette époque. Merci d'avoir pris le temps de lire ce billet.
RépondreSupprimerBrigitte L'Heureux